vendredi 14 mai 2010

Hernani - Lecture Analytique 1. Anne-Louise

Hernani, Victor Hugo Acte 1, scène 2 (vers 75 à 147)

Introduction
Victor Hugo (1802-1885) fut le chef de file du mouvement romantique. De ses parents, Hugo hérita une combativité ambitieuse, un esprit de résistance, un invincible goût de la liberté et l’expérience des déchirements conjugués de l’Histoire. Vers l'âge de onze ans, il va partir vivre avec sa mère à Paris, séparée à cette époque de son père. C'est là qu'il va grandir dans une liberté d'esprit et de lectures absolue, sous les yeux d'une mère extrêmement indulgente. A cette époque il va lire beaucoup.
Hugo fut, en son siècle, une ressource et une présence. Son oeuvre est jalonnée de manifestes théoriques (articles, essais, poèmes, arts poétiques, préfaces) qui en explicitent sans cesse l’intention et la portée. Va régulièrement critiquer le système littéraire en y trouvant des solutions. A l’âge de trente ans, il est à la tête du mouvement romantique qui est un mouvement qui prône de laisser largement place à l'expression des sentiments et des sensations en abolissant les règles strictes de la littérature classique. Il propose de jouer sur les contrastes, sur l'opposition du beau et du laid, du sublime et du grotesque. Il préconise la liberté et le naturel en art. Le Romantisme s'exerce dans les romans, la poésie, ainsi que le théâtre. A sa tête, il y a Victor Hugo, puis viennent Théophile Gautier, Gérard de Nerval, Alexandre Dumas, Alfred de Vigny, Alphonse de Lamartine et Jacques Michelet. , et a révolutionné le théâtre et inventé une nouvelle langue poétique.
Dès 1827, la célèbre Préface de Cromwell, qui prône l’abandon des règles classiques, la réunion des genres, la coexistence du grotesque et du sublime fait de lui le chef du mouvement romantique : le poète ne trouve qu’en lui sa loi et sa raison.
C’est un poète engagé, il contestera et vouera aux gémonies Napoléon en 1853 dans Les Châtiments ou encore en 1862 dans Les Misérables où l’écrivain dénoncera la « damnation sociale ». Dès lors, Hugo est et restera l’homme qui incarne le mieux le romantisme au XIXe siècle.
Montrez que cet ensemble de tirades prononcées par Hernani progresse en mêlant l’intrigue amoureuse, et l’intrigue politique.

I. La jalousie de l’amant
II. La haine contre le roi
III. La figure du proscrit


I. La jalousie de l’amant
1.) La violence du ton
Phrases d’exclamation & interrogatives
« Ne voit il pas la mort qui l’épouse de l’autre ?
Il vient dans nos amours se jeter sans frayeur !
Vieillard ! Va t’en donner mesure au fossoyeur !
- Qui fait ce mariage ? On vous force, j’espère ! »
Rythme haché
Phrases courtes, saccadées avec virgule, & point d’exclamation : « Ah ! Vous serez à lui, Madame ! Y pensez-vous ? »
Négation seule, forte « Non. »
Elément le plus fort de la réplique.
Par cette violence du ton, envers le roi, Hernani montre ses sentiments très forts, violent.
L’auteur va donc placer dans cette scène d’exposition la relation qu’entretiennent ces 2 rivaux.

2.) Agressivité contre le duc
Apostrophe inversé « Oh l’insensé vieillard
[…] vieillard insensé »
Champ lexical de la vieillesse
Images effrayantes de la mort :
- Champ lexical de la mort :
- Personnification de la mort :
Agressivité du paradoxe final
Vers 87 : avec jalousie qui s’exerce même contre Dona Sol


II. La haine contre le roi
1.) L’apparition de la figure du roi
Enchainement des répliques de Dona Sol & Hernani :
Vers 88/89 : Hernani commence & Dona Sol finit
De plus, la répétition du « Roi », x3
Mise en opposition en fin de vers des 2 ennemis (v.88-89)
« Mon père » contre « le sien »
2.) Exposition des raisons de la haine de Hernani
Faits présentés au passé : temps des verbes & vocabulaire du temps ancien
Haine contre une famille entière : Anaphore vers 90-91
Vocabulaire de la mort & de l’échafaud (qui reviendra plus tard)
Dimension cyclique, tragique
Vivacité de la haine encore présente :
Vocabulaire de la haine associé a des verbes au présent et a celui de la vie
Continuité passé/présent :
- « encor » « continue » « tout enfant.. » = Continuité
- Enjambement qui met « le serment de venger » en valeur

3.) Agressivité contre Don Carlos
Apostrophe « Carlos, roi des castilles »
Exclamations
Tutoiement
Prosopopée : Fait apparaitre la volonté d’Hernani de vouloir se battre avec Don Carlos
Vers 95-102 : « … »
2ème raison de haïr le roi : « exécrable hymen » v.101 = Ramène l’intrigue amoureuse.
Effet produit sur Dona Sol : « Vous m’effrayez »

III. La figure du proscrit
1.) Opposition de son statut & celui du Duc
Reprise du verbe « effrayer » de Dona Sol (v. 103) pour enchainer les tirades d’Hernani : « Vous m’effrayer.
Chargé d’un mandat d’anathème, »
Richesse de Don Gomez :
- Ses titres : « Duc de Pastrana » « Richomme d’Aragon » « Comte & grand de Castilles »
- Ses richesses : « Vous apportez tant d’or, de bijoux, de joyaux »
- Son statut social qui en découle : « l’orgueil, la gloire et la richesse »
Pauvreté de Hernani :
- Champs lexical de la pauvreté : « je suis pauvre » « je fuyais pieds nus » « rouille de sang »
- Champs lexical de la nature : « les bois » « du ciel » « l’air, le jour et l’eau »
- Vers 113 : Opposition forte entre les 2 personnages : « Voilà donc ce qu’il est. Moi, je suis pauvre… »
Opposition très forte et redondance avec le « moi je », rupture totale
- Jeu sur l’antithèse entre le Duc qui « reluise » & Hernani qui « délustre »
- Jeu de sonorité : « je suis pauvre et n’eus »
Rime pauvre et nu = paronomase
Jeu avec la pauvreté & la nudité

2.) Caractère tragique de sa destinée
Images de la mort associées au futur
- Vocabulaire de la mort : « échafaud noir » « sang » « fourreau sortir l’épée »
- Métaphore v.118 :Qu’un drap d’échafaud noir cache encore sous ses plis »
- Anaphore v.115-118 : « Peut-être »
Dès que Hernani parle de son futur, il évoque la mort : Tragique
Injonction finale adressée à Doña Sol : nécessité de choisir :
- Vocabulaire de la dualité : « du duc ou de moi » « des deux » « l’épouser ou me suivre »
Jeu binaire : « ou »
- Modalité injonctives avec l’impératif : « souffrez » « il faut » & l’infinitif
Conclusion déterminée de Doña Sol qui ne reprend le même verbe qu’Hernani en le conjuguant au futur « Je vous suivrai. »
Cela actualise le vers
Elle allie sa destinée à celle d’Hernani

3.) L’autoportrait lyrique du « bandit d’honneur »
Présence forte du « je » : v.130 « Car vous ne savez pas, mais moi, je suis un bandit » « Me suivre, ou je suivrai mon père »
Nature accueillante :
- Vers 134 : substitution de la mère : « La vieille Catalogne en mère m’a reçu »
- « ses hautes montagnes » « les bois, les monts » […]
Caractère hyperbolique de la situation :
- V.128 : Zeugma sémantique « fer et coeur »
Englobe le courage de cette épreuve puisqu’il est capable de tout perdre pour se venger, cela renforce le « jamais »
- Indéfinis globalisants v.131 : « Quand tout me poursuivait, dans toutes les Espagne » = Redondances
Eloge de ses compagnons :
- V.135 : Rythme ternaire des adjectifs mélioratifs « Parmi ces montagnards, libres, pauvres et graves »
- V.136 : rimes positives : « graves » « braves »
Interpellation de Doña Sol :
- Interruption avec le tiret « Me suivre, où je suivrai mon père - à l’échafaud »
- 2 verbes qui s’adressent à elle : « Etre errante avec moi » «Me suivre»

4.) Evocation du destin tragique
Enjambement mettant en valeur « me suivre »
Succession d’infinitifs en tête de vers : « me suivre » « être errante » « entendre » « dormir » « soupçonner »
Passage de l’infinitif au vers 146 conjugué : « Me suivre où je suivrai »
Déplacement de la césure à l’hémistiche après le tiret pour isoler « l’échafaud »


Conclusion :
Les répliques de Doña Sol permette le déroulement de l’action à travers les tirades d’Hernani, cela permet de lier l’intrigue amoureuse & l’intrigue politique ;
Présentation des différents aspects d’Hernani : - proscrit / amant jaloux
Lorenzaccio, Musset Scène 1.

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